Éducation & Comportement du chien adopté en refuge

Résoudre les petites difficultés du quotidien

Adopter un chien de refuge est un merveilleux acte de générosité, mais il faut garder à l’esprit que cette transition demande du temps. Le maître-mot est simple : PATIENCE.

Offrez à votre compagnon la possibilité de s’adapter à sa nouvelle vie, à son rythme.

👉 Sachez que toute adoption via le refuge vous donne droit à un rendez-vous post-adoption avec Ana, éducatrice canine comportementaliste (à domicile, en visioconférence ou par téléphone). Contactez-nous pour obtenir ses coordonnées.

Chaque chien arrive avec son histoire, parfois marquée par un manque d’apprentissages ou de sécurité.

Voici quelques pistes pour mieux comprendre et accompagner votre compagnon.

1. La propreté

En refuge, certains chiens ont désappris la propreté, ou ne l’ont tout simplement jamais acquise.

Sortez votre chien à des moments clés : au réveil, après les repas, les jeux ou les siestes, et juste avant la nuit.
Le soir, donnez-lui son repas au moins 3 heures avant le coucher.
Félicitez chaleureusement chaque réussite à l’extérieur.

⚠️ Si un accident se produit à l’intérieur :

Ne grondez pas votre chien (la punition n’enseigne rien).
Placez-le un instant dans une autre pièce, puis nettoyez calmement.
Évitez les produits à base d’ammoniaque, qui incitent à refaire au même endroit.

💡 À savoir :

La position accroupit que vous pouvez prendre pour nettoyer est similaire à celle de l'appel au jeu, donc pas de quiproquo qui pourrait l'amener à recommencer.
Un chiot ne maîtrise totalement ses sphincters qu’à partir d’environ 4 mois.

2. La protection des ressources

Tous les chiens ont un passé. Certains peuvent avoir manqué de nourriture ou de sécurité, ce qui les amène à défendre ce qu’ils acquièrent. Cette attitude n’est pas irréversible : il est possible de leur apprendre que ce qui leur est donné ne sera pas repris et de les rassurer lors de votre approche.

Pour cela, il est important de suivre deux étapes :

Identifier les ressources importantes pour votre chien : son couchage, sa gamelle, ses jouets ou même certaines personnes.
Observer la distance à laquelle votre chien tolère votre présence : consultez le fichier des signaux d’apaisement dans la section Conseils adoption. De manière générale, si votre chien grogne, c’est qu’il est déjà trop proche.

Le couchage

Objectif : que votre chien accepte votre approche sans stress.

Méthode par étapes :

Placez-vous à une distance où le chien est détendu.
Récompensez-le avec une friandise jetée vers lui.
Avancez d’un pas. Si le chien reste détendu, récompensez à nouveau.
Répétez progressivement, en augmentant la proximité.

Important : on ne dérange jamais un chien qui dort. L’objectif est qu’il associe votre approche à quelque chose de positif.

La gamelle

Objectif : montrer au chien que vous êtes une source de nourriture et non une menace.

Méthode :

Présentez la gamelle vide et tenez-vous proche de lui.
Donnez-lui des croquettes une par une.
Le chien comprend que vous êtes la personne qui donne et non la personne qui s'approche pour peut-être retirer (selon-lui...).

Une personne ou un autre chien

Si votre chien grogne lorsque quelqu’un ou un autre chien s’approche de vous (attention à ne pas confondre avec d'autres causes comme la peur...) :

Solution 1 : éloignement

Lorsqu’il grogne, reculez par rapport à lui.
À force de répétition, il comprend que grogner entraîne l’effet inverse de ce qu’il souhaite (vous perdre plutôt que vous garder).

Solution 2 : approche progressive et renforcement positif

Plus la personne ou le chien approche et que votre chien reste calme, plus vous le félicitez et le caressez.
Plus la personne/chien s’éloigne, moins vous le récompensez.

L'intention de l'exercice est de lui faire comprendre que l'approche de quelqu'un lui apporte encore plus d'attention, donc rendre l'événement positif. (attention ici, on ne récompense pas le chien lorsqu'il grogne).

Les jouets ou friandises

Objectif : apprendre au chien à accepter l’échange.

Méthode :

Commencez à distance acceptable pour le chien (Comme pour le couchage).
Proposez un troc avec un objet ou une friandise suffisamment motivant pour lui.
Répétez jusqu’à ce que l’échange soit accepté sans stress.

3. Le chien "pot de colle"

Certains chiens de refuge, ayant souffert d’insécurité, peuvent s’attacher excessivement à leur nouveau référent. Il est important de gérer cette proximité de manière positive pour favoriser leur autonomie.

Limiter la dépendance excessive

Objectif : apprendre au chien à accepter la distance et à être indépendant.

Méthode :

Ne répondez pas systématiquement à toutes ses demandes d’attention.
Proposez de courtes séances de jeux ou de caresses à votre initiative.
Limitez la durée de ces interactions pour qu’il associe la proximité à un moment agréable mais ponctuel.
Renforcez et félicitez le chien lorsqu’il prend la décision de se poser seul, par exemple dans son couchage.

Enseigner un comportement alternatif

Objectif : proposer au chien une alternative positive lorsqu’il a tendance à se coller trop près.

Exemple - Si votre chien se tient dans vos jambes pendant que vous préparez le repas :

Apprenez-lui à se placer à distance et à vous observer calmement.
Félicitez-le lorsqu’il reste à sa place.

Cette approche permet de corriger le comportement tout en offrant une alternative positive et claire.

3. le chien "kangourou"

Beaucoup de chiens débordent d’amour et de joie lorsqu’ils voient leurs référents rentrer ou lorsque des invités arrivent. Cependant, ce comportement n’est pas toujours souhaitable.

Voici comment le gérer efficacement :

Travailler sur les déclencheurs

Objectif : apprendre au chien à rester calme face aux stimuli qui déclenchent son excitation.

Méthode :

Identifiez les déclencheurs (sonnette, frappe à la porte).
Travail à deux personnes : l’une joue le rôle de l’invité, l’autre gère l’apprentissage avec le chien.
Dès que le déclencheur apparaît :
- Si le chien s’agite, attendez qu’il se calme.
- Il se calme : récompensez-le (voix douce, friandise ou caresse).
Répétez sur de courtes sessions de 5 minutes.

Approcher progressivement la porte

Objectif : associer l’ouverture de la porte à un comportement calme.

Méthode :

Une fois que le chien reste calme au déclencheur, ouvrez doucement la porte.
Si le chien s’agite : refermez immédiatement la porte.
Attendez qu’il retrouve son calme, puis récompensez-le.
Répétez le processus progressivement jusqu’à ce que l’ouverture de la porte ne déclenche plus d’excitation excessive.

Gestion de l’entrée des personnes

Objectif : enseigner au chien que le calme attire l’attention.

Méthode :

La personne qui entre ignore le chien : pas de regard, pas de parole, pas de toucher.
Si nécessaire, elle peut lui tourner le dos.
Attendez que le chien soit calme et ait les quatre pattes au sol.
Récompensez-le lorsqu’il adopte ce comportement.

Résultat : le chien apprend à gérer ses émotions et comprend que le calme est la clé pour recevoir l’attention qu’il désire, mais dans de bonnes conditions.

4. Les bêtises

Plusieurs facteurs peuvent pousser un chien à faire des « bêtises », que vous soyez présent ou non :

Un mauvais apprentissage de la solitude
Un manque d’activités physiques ou mentales
L’ennui

Ne pas gronder après coup

Si votre chien a fait des bêtises pendant votre absence, évitez de le gronder à votre retour.

Les chiens vivent dans l’instant présent et ne feront pas le lien entre l’action passée et la réprimande actuelle.
Une punition à ce moment-là ne sert qu’à lui apprendre à redouter votre retour, sans corriger le comportement.

Vérifier ses besoins physiques et mentaux

Votre chien reçoit-il suffisamment d’exercice physique et de stimulation mentale ?
Si ce n’est pas le cas, accordez-lui plus de temps pour courir, jouer et se dépenser intellectuellement.

Proposer des activités adaptées

Rangez la plupart de ses jouets et ne laissez qu’une sélection à chaque départ. La nouveauté suscite l’intérêt.
Laissez-lui des activités pour s’occuper, comme : Kong fourrés, jeux d’intelligence, objets à mâcher

💡 Consultez la Fiche Pratique sur l’apprentissage de la solitude si besoin